Ma Sarah






A l'intérieur
J'ai des prières à l'intérieur
Des cimetières à ciel ouvert
Et des promesses à coeur ouvert
Et deux ou trois amis qui pleurent
A l'intérieur
Un enfant nu à l'intérieur
Qui se demande ce qu'il fait là
Il pousse des pierres du bout du pied
Sur un damier de marbre froid
Pour une partie sans adversaire
Mais lui au moins ne pleure pas
J'ai un amant à l'intérieur
Cheveux d'acier lèvres de bois
Un homme femme à demeure
Qui fait tout ce qu'il veut de moi
Il me caresse quand je pleure
Me prend se donne et me laisse là
Me vide me comble je me laisse faire
Il m'inconsole et me fait taire
Jamais assez et toujours trop
C'est mon amant de l'intérieur
Qui ne me laisse pas de repos
Je l'aime
Je le hais
Je n'ai pas le choix
J'ai une mère à l'intérieur
Ma mère d'insomnie à moi
Elle est seule, elle a peur
Oh ma Sarah je ne dors pas
Toute de vagues de sel amer
Ma mère intérieure me serre
Entre ses plis d'amour déçu
Le coeur entre ses deux mains nues
J'ai une mère à l"intérieur
Une mère qui ne me connaît pas
Une mère qui s'accroche à moi
Une mère que j'aime
Une mère sur laquelle je ne compte pas
J'ai une fille à l'intérieur
Qui est ma chair qui est mon sang
Mais qui n'est pas tout à fait moi
Ses cheveux noirs me rendent folle
C'est ma bint el chalabia
Je l'aime à mourir bien qu'elle
Je l'aime à mourir bien qu'elle
Je l'aime à mourir bien qu'elle
Elle, je crois, elle ne m'aime pas
J'ai un enfant à l'intérieur
Et un amant à l'intérieur
Une femme nue comme moi
Une mère, un amant qui me
Un ami un enfant une fille
J'ai des prières
Le vin vert
Les années passent, les pensées paressent
Le temps se lasse et lasse nos ivresses
Un soir de pluie et de novembre froid
Au bar des saisons soudain je te vois
Devant toi posé là ton livre ouvert
Et dans ta main un verre de vin vert
Oh je connais ce goût de regard clair
Noyé dans le gris de cernes amères
Ta jambe gauche lasse repliée
Comme un vieux rêve de chair fatigué
Ne tremble plus sous le poids oublié
Depuis tant et tant et tant d’hivers
Ton cou sans baisers reçus ni volés
Ton corps de gisant tes lèvres usées
A compter compter le compte insensé
De tant de jours chaque nuit plus amers
Tu disais aime-moi aime-moi
Aime-moi comme si c’était la première fois
Comme à l’âge où on ne sait rien
Moi je ne sais rien, de rien, aime-moi bien
Tes yeux noyés offerts à ciel ouvert
Notre amour mort nageant entre les verres
Ivre de vin saturée de chimères
Je te vois qui me vois le cœur me serre
Je te vois qui me vois te voir à l’envers
Dans ce miroir brisé au mur de pierre
Je te vois qui me tiens et qui me serre
Dans le feu salé de tes yeux bleu verts
Ah mon amour ta peau tendre en reflet
Dans le miroir de nouveau c’est la guerre
L’aveu de trop, le geste de travers
Trop tard c’est fait je reviens en arrière
Ta jambe gauche pliée repliée
De tout son poids sur ma hanche pesait
Comme une chaîne une prison de chair
Tu ne partiras plus ma douce-amère
Et tu m’aimeras, oui tu m’aimeras
Comme si c’était la dernière fois
Comme si on savait tout déjà
Moi j’en sais assez, cette fois, tais-toi, aime-moi bien
Contre ton cœur entre tes mains le temps se perd le verre se brise
Entre mes mains ton cœur se serre se noie le temps se brise
Tombe la pluie et les hivers le temps file et se perd
Se noie se tord et remonte à l’envers
Alors je t’ai aimé, je t’ai aimé
Comme si c’était la première fois
Et c’était la dernière fois
Je t’ai aimé, enfin, comme tu voulais, comme ça
Les années passent et les pensées paressent
Les souvenirs s’effacent les années restent
Un soir de pluie et de novembre froid
Au bar des saisons moi je pense à toi.
Quand tu partiras
Quand tu partiras
Quand tu partiras
Quand tu partiras n'oublie pas
Eteindre la lumière
Refermer le frigo
N'oublie pas de me laisser un mot
Un mot pour me dire voilà,
Je pars ne m’attends pas
Oui le soleil est haut
Le ciel encore plus haut
Va chercher le petit
à l'école,
le repas
est prêt dans le frigo
et aussi n'oublie pas
Ce rendez-vous qu'il a
chez le médecin il a
Mal au genou tu sais
Faut pas laisser traîner ça
Je pars oui le soleil
est monté dans le ciel
il est midi je pars
ce soir ne m’attends pas
Je sens qu’on m’appelle
Le soleil est haut
Le ciel encore plus haut
Quand tu partiras
Quand tu partiras
Il fera noir et beau
Je me dirai c’est bon
Oh j’en ai eu assez
J’en ai, j’en ai eu trop
Quand tu partiras
Il fera noir et beau
Dans le ciel entre nous
Mon coeur partira
Peut-on vivre sans coeur ?
Non on ne peut pas
Moi je vivrai de te
Chercher
Dans le ciel noir et beau
Sous le vent chaud seule avec toi
Sous nous le zinc penché des toits
Plus bas la ville sans horizon
et les murs nus de ta prison
Encore plus bas les plaines vertes
Tu dis c’est loin on ne les voit pas
Mais je le sais moi qu’elles sont vertes
Les vastes plaines à l’horizon
La nuit nous cerne et le vent souffle
Il nous déshabille l’air de rien
Tu me regardes tu ne dis rien
La tempête approche et tu souffles
Orage mon eau rage
Crève-moi mon cœur
Fonds-moi ce nuage
Qu’enfin ça crie, ça pleure
Orage mon eau rage
Noyade en eaux sages
Je ne sais quel orage
Soulagera
Ton cœur
Tu me retiens entre tes bras
Je veux partir mais tu ne veux pas
Tu me serres tu mords mes cheveux
Tu voudrais qu’il pleuve je voudrais que
Tu pleures, l’ombre gagne
les plaines succombent le vert se meurt
Tu dis le noir c’est ma couleur
Moi je suffoque dans tes mèches blondes
Et je tourne autour de toi
Nous montons lentement
Par degrés l’escalier géant
J’ai le vertige, attends, attends,
Orage mon eau rage...
Déjà je pleure mais c’est en vain
L’orage approche il nous tient
Tu souffres et tu me serres plus fort
Tu souffles un souffle de je t’adore
Je t’adore je te quitte voilà
je t’aime je te quitte je ne peux pas
plus je te tiens plus je te perds
je ne peux pas t’aimer comme ça
Tu m’as manqué depuis toujours
Tu me manques même quand tu es là
Tu me manques, tu me manques, tu me manques
Dis moi est-ce que c’est ça l’amour
Orage mon eau rage...
Eau rage
Le verre brisé
Tu t'ouvres
Tu te fermes
C'est pas juste
C'est comme ça
Tu te prends
A mon piège
Pieds et poings liés
Tu te soumets
Tu te révoltes et tu me frappes
Et tu te perds, non c'est pas juste
Mais c'est la vie, et c'est comme ça
Tu es le verre brisé mille fois
La miette infime, le verre, l'éclat
A ce mariage brisé mille fois recommencé
Chaque jour de ta vie l'intime mariage
De toi à toi brisé, brisé, mille fois
Le vase brisé qui chante encore
sous l'éclat cru de sous mes doigts
Je te caresse et toi tu chantes
Ta note claire, blessée, à vif
Saignante, saignée, mais pourtant juste
Va savoir
Quelle harmonie te tient au corps
Toi qui n'es plus
Que fragment de fragment de fragment de fragment de fragment de fragment de fragment de fragment
De toi
Que j'ai aimé
Faire chanter
Dessous mes doigts
Oh j'ai aimé
Te faire chanter
Dessous mes doigts
Oh chante, chante
Toutes tes facettes
Toutes tes brisures
Tous tes éclats
Mon amour rude
Brisé mille fois
Toi qui me saignes
A chaque note
A chaque pas
Chante à l'envers
Chante sous moi
Toute ta matière
Brisée mille fois
Que je te tienne
Que je t'entende
Que je te serre
Entre mes doigts
Que je te prenne
Et te rassemble
Et que je t'aime
Encore une fois
Toi, mille miettes, mille feux, mille éclats
Chante-moi

Paris
Paris, rendez-vous midi,
Rue de Rivoli je te cherche, il n’est pas midi
Tu n’es pas d’ici mais tu sais
Qu’à Paris la loi
Est de n’être pas là à l’heure le quart d’heure parisien la politesse des
Rois, rue du Cherche-midi,
C’est déjà midi je te cherche, à Paris la pluie
Fait pleurer les murs et les pavés de pierre où l’on glisse où l’on boit jusqu’à la lie
Les retards qui n’en sont pas
C’est déjà loin midi,
Tu n’es pas venu, j’erre à travers mon beau Paris
Sans avoir le cœur d’y mourir, rue de Paradis
Je croise un homme qui te ressemble au paradis des comme si moi je le suis, dans les beaux quartiers,
Les mégots fumés jetés encore entiers parfois
Trempés d’eau de pluie s’amoncellent à la bouche du métro Courcelles certains
écrasés, d’autres pas
Je voudrais être une cigarette allumée vive à la bouche d’un fumeur des bas quartiers qu’il me consomme, me fume et me consume jusqu’au bout que de moi,
Il ne reste que ça
Que de moi il ne reste rien qu’un mégot calciné, une ombre partie faire son chemin de fumée dans la gorge et le sang d’un vieil homme drogué,
Etre une
Parmi des milliers
Paris, le jour est fini
La nuit noire a séché la pluie, gare du Nord j’essuie
De mes cheveux mouillés les grilles au-dessus des trains
Je rêve qu’un autre que toi me soulève contre le fer entre ses mains
Barbès se réveille
Et les beaux quartiers s’ensommeillent
A chacun sa came
A chacun sa minute de joie contre argent sonnant et trébuchant à chacun son faux pas
Minuit, au métro Anvers
Dans un grand café vert, un grand verre de thé
Des fritures de la bière et de la fumée
Qui monte et qui se cogne au plafond à quoi bon elle ne sort jamais
Le plafond est bas
Les joueurs ont lancés le dé, c’est trop tard déjà
A travers l’eau blanche des chichas
Les hommes de Paris fument leurs larmes et les femmes nous regardent de travers
Je voudrais être une cigarette allumée vive à la bouche d’un fumeur des bas quartiers qu’il me consomme, me fume et me consume jusqu’au bout que de moi,
Il ne reste que ça,
Que de moi il ne reste rien qu’un mégot calciné
Une ombre partie faire son chemin de fumée
Dans la gorge et le sang d’un vieil homme drogué,
Etre une
Parmi des milliers
Mignonne
Vos pieds nus sur ma poitrine
Entre nous une ombrelle
Sur votre gorge serrée
Un bouquet d'ombelles
Vous disiez je ne sais pas
Je ne suis pas sûre de vous
Pas sûre de moi
Pas sûre du ciel
La passion de votre lèvre écarlate m'a-t-elle
Planté au coeur une certitude éternelle
Moi je ne sais qu'une chose
Embrassez-moi ma belle
Pour l'amour de
Moi et du Ciel
Si vous avez peur des chagrins d'amour, ma cruelle
Des baisers sans lendemain oubliez le miel
Et plantez-vous dans le coeur
Une ombrelle éternelle
Entre vous et moi et le ciel
Mais quand vous serez bien vieille le soir à la chandelle
Dans votre gorge serrée s'apaisera-t-elle
La pensée de vos amants
Les baisers fous de vous
La rose épineuse du temps

La Claire Fontaine
A la claire fontaine
M'en allant promener mes nuits
J'ai trouvé l'eau si belle
Que je t'y ai écrit
Un mot un seul lequel
Le monde n'en saura rien
La surface rebelle
L'a noyé sous ma main
Je jette dans la plaine
Mon coeur tes mots d'amour aussi
Que le vent les entraîne
Vers d'autres paradis
Que l'encre bleue s'envole
Et morde les nuages
Qu'ils s'écrivent au ciel
Tes poèmes sauvages
Il y a longtemps que je t'aime, même si
Je ne t'oublierai jamais, même si
Sur mes tapis de laine
Le temps s'endort et je t'écris
Chante rossignol chante
Dans ton vert paradis
Un arc en ciel de nuit
Comme un sirop d'orage
Nous a pris en otage
Toi là-bas moi ici
Il y a longtemps que je t'aime, même si
Je ne t'oublierai jamais, même si
Voyage oh mon amour
Moi je ne bouge pas d'ici
Dans la promesse épaisse
De notre paradis
Que veux-tu, que je laisse
L'énigme de ma vie
Mourir en silence est-ce
Ainsi que l'on oublie
Oublie-moi mais n'oublie
Pas le goût de l'eau claire, et si
Tu m'aimes comme je t'aime
Aime le monde aussi
Ni plus ni moins le même
Tu reviendras demain
A la claire fontaine
Te noyer sous ma main
Les nuées
Consolation
J’ai chez moi un p’tit chat
Qui s’appelle Solal
Quand il se lève au matin
Il se creuse un canal
Entre le mur et moi
Bien au chaud dans mon lit
Au début il dit rien
Il se fait tout petit
Puis le voilà qui miaule
Comme un réveil-matin
Il ronronne, il grésille
Et il tape dans ses mains
Mais laisse-moi donc dormir
Je lui dis en grognant
Il répond c’est le vent
Qui te réveille maman
Ah So là là la la la si
Si j’avais su plus tôt
Quelle consola-la-tion
Je trouverais en chantant ton nom
J’aurais solalisé dès l’âge de 15 ans
Ma noire solitude
Pour en faire un enfant
J’ai chez moi un p’tit ch’val
Qui s’appelle Solal
Quand il rue dans son lit
Je l’engueule et il râle
Il va bouder tout seul
Sur le dos d’un chacal
Puis s’envole d’un vol
De libellule spatiale
Il se perche sur la table
Plante son doigt dans le beurre
Puis dans l’ miel puis dans l’sucre
Enfin dans mon café
Il me dit déso-so-lé
Maman t’es sympa mais
Mais un pur sang Solal
ça aime pas tes morales
J’ai chez moi un poisson
Qui s’appelle Solal
Il décolle au savon
Dans sa baignoire navale
Danse dans les bas-fonds
Chante des chants de sirène
Fais l’bateau sur le dos
Se gonfle comme une baleine
Et saute tel un dauphin
Tout à coup hors du bain
Glisse sur le shampooing
Se ramasse sur la dalle
Tremble des pieds à la tête
En disant même pas mal
Ses larmes il les ravale
Même pas mal même pas mal
Et quand parfois
Des épines dans la voix sans me regarder
il me demande tout bas
Et toi Maman
Et toi dis-moi
Est-ce que tu vas
Toi aussi t’envoler dans le ciel pour toujours ce s’ra quand dis-moi…
Quand qu’ tu partiras dans le monde du
N’importe quoi où paraît qu’y a même pas d’téléphone
Pour appeler ton p’tit gars
N’y compte pas mon petit chat
On m’a d’jà fait l’coup à moi
Les Mamans qui s’défilent
C’est pas mon genre d’ nana
J’partirai pas avant
D’avoir fait de toi un grand
Pas avant qu’ tu m’aies dit
Bon sang lâche-moi Maman
Et va, va, va...
L'enfant de mie
Entre ses mains des nuées de criquets sous leurs ailes soulevées le bleu du ciel
Dans ses cheveux des noeuds d'algue et de sable et le sel de baisers étrangers
Tu m'appelles et c'est mon âme qui m'appelle par mon nom Ma Sarah c'est ton nom
L'enfant se sent selon la lenteur des caresses Sourdre et mourir sans cesse un désir de pleurer
Dans mes cheveux des noeuds de pluie de nuits sans sommeil de réveils endueillés
Entre tes mains mes cheveux dans mes cheveux tes lèvres dans mes rêves tes mains nues
Tu m'appelles et c'est mon âme qui m'appelle par mon nom Ma Sarah c'est ton nom
L'enfant se sent selon la lenteur des caresses Sourdre et mourir sans cesse un désir de pleurer
Tu m'as dit "entre" je suis entrée comme si tu étais une femme comme si j'étais toi comme si
Rien ne nous séparait rien un souffle rien un goût de sel
Un battement de coeur ou un battement d'aile
Ta mort ou mon sommeil
Mon rêve ou ton réveil
Pleure, pleure ma petite abeille
Je suis là
Je te veille.
Dans cette gamme sans
Bémol aucun il y a
Entre le sol et le la
Un ré et puis un mi
Qui l’air de rien m’ont mis
Une drôle de mélodie
En tête et sur les bras
Un drôle de petit gars
Qui répond quand il veut au nom mélodieux de Jérémie
Jérémie dans son nom a
Bien cachée une joie
Qu’on ne peut pas goûter
Sauf si on est comme lui
Un mélange bienheureux
D’eau de blé et de feu
Un pain doré, un enfant de mie
Sur les lèvres un vernis
D’arabe et d’hébreu
Et dans les hanches un peu
de Tunisie
Un soupçon de Venise
Dans le roux des cheveux
Et dans ses yeux le ciel bleu ciel du ciel gris de Paris
Je te regarde comme
Si je n’t’avais pas fait
Et est-ce vraiment vrai
Que c’est moi qui t’ai fait
En vrai je ne sais pas
Tant j’aime tout de toi
Tant je t’aime sans façon
Tant je t’aime comme jamais
Je ne m’aime moi-même
Dis-moi le secret
Fais-moi la leçon
Du haut de tes deux ans
Du haut de tes trois pas et demi, même pas
Jérémie n’est pas a -
-moureux de sa maman
Plus que du moindr’ brin de
Fille qui passe par là
Moi je lui cours après
Pour qu’il me donne un peu
De ses baisers plus doux
Que le vin quand il veut
Donne-moi la vie que je
T’ai donnée donne-moi
De quoi me priver de toi
Prive-moi du plaisir de manquer de toi, tue-moi
Sous le coup tendre de chacun de tes pas