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Juge pas

New York, conversation de rue, midi à Central Park. Soleil et pluie mélangés, le ciel est indécis. Un homme m'a approchée pour me vendre ses poèmes. J'ai proposé un dollar en échange d'un poème qu'il ne m'a pas encore donné et que je n'ai de toute façon pas l'intention de prendre.

 

"Tu t'y connais en Bible ? La Sainte Bible, là ? La Torah, l'Ancien Testament comme ils disent, eh eh. Bon, c'est bien.

 

Tu connais les premières pages ? Tout le monde croit connaître mais personne ne lit vraiment, même ceux qui ne lisent que ça toute leur vie. Je vais te dire. Dans la Sainte Bible il est écrit que l'homme ne doit pas manger des fruits de l'Arbre de la connaissance du Bien et du Mal. Sinon il mourra.Tu te souviens ? Bien. Avant, il est dans le Paradis. Le Paradis, quoi ! Pas les foutaises de trucs pour les mioches avec les petits oiseaux et tout. Non. Le Paradis, le vrai, sérieux. Le Paradis, si on cherchait à savoir, à connaître, à se souvenir, à retrouver le goût, oh la vache, on s'arrêterait tout de suite de courir après les dollars et les milk-shake là, je te dis. Le Paradis. Non, me fais pas dire ce que j'ai pas dit. J'ai pas dit qu'on  s'arrêterait de courir après les nanas. Mais ça c'est une autre histoire.

Donc l'homme, il est dans le Paradis. Il ne sait pas où il est, ni ce qu'il a dans le coeur, entre les mains, ni ce qu'il va perdre. Alors Dieu lui dit un truc concernant l'Arbre, là, tu te souviens ? Qu'il faut pas trop qu'il s'approche, quoi. Qu'il se tienne loin. Et puis la Femme écoute le Serpent. Le Serpent leur met le doute - il leur dit que Dieu ment. Mais ça c'est une autre histoire, elle me rend trop dingue je peux pas en parler, oublie le Serpent. 

Attends, t'en vas pas. T'as rien entendu encore. Reste un peu, je t'en prie.

L'homme mange le fruit de l'arbre, la pomme. Quand il mange, il se sent tout nu, il a honte le pauvre, il se cache et tout, et puis après Dieu dit : maintenant tu travailleras maintenant, et toi la femme tu enfanteras dans la douleur, et puis vous mourrez, oui, mes pauvres, c'était pas obligé avant mais maintenant c'est obligé. Sinon quoi, avec votre prétention-là, à connaître le Bien et le Mal, on va vous laisser détruire le monde pendant des éternités entières ? On se croit où là ? Allez, la mort dans les pattes, comme ça je vous laisse encore une chance de jouer le jeu au bout d'un moment c'est game over et pas de discussion. Au moins, les vrais cinglés, ils dégagent du jeu et place nette pour les suivants. Parce que, maintenant que vous avez ce foutu goût de Bien et de Mal dans la bouche, vous allez devenir dangereux les gars.

Bon, ok, il dit pas "dangereux", ok, j'invente, ok. C'est Dieu hein, tu crois que je sais comment il parle moi ? Tu crois que Dieu il parle, tiens ? Mais il faut bien dire des mots. T'impatiente pas baby, j'arrive, j'y viens.

Alors il leur a foutu la mort, et déjà ça les a bien calmés, en tout cas au début. Tout le monde croit qu'il les punit. N'importe quoi. Dieu c'est pas une maîtresse d'école. Il punit pas, il limite la casse. La casse, elle est faite tout entière au moment où ils mordent le fruit. Dès le premier instant, le goût les a mordus, ça y est, ils sont mordus. Tu comprends ? Ils sont sortis du Paradis. Tout de suite, sans bouger. Ils "voient". Ils sont tombés dans un autre monde. C'est pas Dieu qui les chasse, n'importe quoi. C'est déjà fait, foutu, trop tard : c'est l'enfer. Ils sont en enfer.

Donc, qu'est-ce qu'il a mangé le foutu bonhomme et la foutue bonne femme, qu'ils nous ont foutus en dehors du Paradis pour l'éternité les couillons ? C'est là qu'il faut lire, il suffit de lire, pas plus.

 

Juste on lit :

 

"Le fruit de l'arbre de la Connaissance du Bien et du Mal."

 

T'entends ça, poupée ? Oh te fâche pas, je dis "poupée" aux filles par réflexe, par amour, j'aime les filles, c'est comme ça, ça veut rien dire. "Le fruit de l'arbre de la Connaissance du Bien et du Mal." Vas-y, répète, pour que t'entendes bien les mots, là. 

Qu'est-ce que c'est que ce foutu fruit ? C'est le fruit qui te donne le goût l'idée la croyance que tu connais le Bien et le Mal. Tout à coup tu crois savoir. Il te fait croire que tu sais. Il ne te donne pas la connaissance ! Il te donne l'envie de connaître, le goût de connaître le Bien et le Mal, le goût de trancher, ça c'est Bien, ça c'est Mal. Et l'inquiétude, le tourment de te tromper. Parce que tu te trompes, tout le temps. C'est pour ça que tu as mauvaise conscience même quand tu crois savoir ce qui est bien et que tu le fais, le bien. Même comme ça on stresse, on sent bien qu'on en a pas fait assez, on cherche le mal qu'on n'aurait pas vu dans le bien, on flippe comme des salauds, mais c'est parce qu'au fond on ne sait pas, on ne peut pas savoir, on ne peut pas juger, on ne peut pas trancher, on n'est rien que des hommes et c'est tout, on ne peut pas, fin de l'histoire.

C'est pas un bon fruit défendu parce qu'il est bon. C'est un horrible fruit pour un homme. C'est un bon fruit pour un Dieu. Dieu n'a pas menti. C'est le malheur de l'homme, la pire des drogues, mieux vaut crever mille fois d'overdose comme un chien dans le fossé que de goûter une fois à cette ivresse-là. Le Bien, le Mal. Alors voilà, d'un coup tu "vois", tes yeux se "décillent", tu te mets à juger et mmmhh, c'est trop bon. Une seule fois et t'es accro.

Et là, c'est parti, le malheur, la sale histoire, tout le bordel : ça c'est bien, ça c'est mal, ci c'est mal, ci c'est pas bien, ci c'est très très bien. Tu juges, on te juge. T'aimes pas qu'on te juge, hein ? Alors en retour tu juges aussi, celui qui te juge, quel connard, tiens dans sa grande gueule. Et c'est parti, aller et retour, l'enfer. Personne, entends-moi bien, personne au monde n'est capable de s'avouer combien il juge, partout et sans cesse, tout et tous, et combien il pourrit le monde. Allez, le Bien, le Mal, faites vos jeux ! Et là vous les Machins ce que vous faites avec vos femmes c'est pas bien, et vous les Trucs ce que vous faites avec vos gosses c'est pas bien, et vous les Muches ce que vous faites avec les Trucs c'est pas bien, et vous ce que vous faites de vos vieux c'est pas bien, et toi l'homo c'est pas bien, et toi t'acceptes pas les homos c'est pas bien, et la burka c'est pas bien, et le string c'est pas bien, c'est mal, c'est le mal, chasse le mal, ouhhh le Maaaaaaaaaal !"

 

Il m'offre une cigarette. Je lui dis : "non merci, je viens d'arrêter". Il me regarde bizarre, je sens qu'il tourne sa réplique dans sa tête. A la fin il sort sa sentence d'un coup, comme s'il l'avait préparée de longue date et apprise par coeur.

 

"Par exemple, fumer, tu crois que c'est mal peut-être ? Pas du tout. C'est mauvais pour la santé. Mais alors préserver sa santé, est-ce que c'est bien ? Pas du tout. Et c'est mal ? Pas du tout. C'est rien de bien ni de mal, c'est quelque chose qu'on veut ou qu'on ne veut pas. Faut juste essayer de faire ce qu'on veut, pour de bon. C'est ça la liberté. La liberté n'a rien à voir avec le bien et le mal. La liberté c'est le seul goût qui peut remplacer ça, cette vieille habitude, ce vieux chewing-gum qu'on sait même plus qu'on le mâche tellement qu'on l'a mâché depuis des siècles, on fait plus la différence entre notre bouche et lui : le bien, le mal, et mâche, et mâche, et mâche. La liberté. Oh rien que d'y penser ça me rend malade, laisse tomber, parlons d'autre chose.

 

Alors voilà ma petite, j'ai fini, j'y viens, le fin mot : imagine qu'un jour tout le monde pourrait enfin comprendre cette histoire. Qu'ils en aient la nausée, de tout ce trafic. Qu'ils arrêtent un instant de juger. Imagine.

Tu sais, si tu prends les hommes un par un, t'en trouvera pas un qui te dit "ben oui, moi je juge, et j'aime ça !" Ils disent tous "ah mais non, moi je ne juge pas", ou "c'est juste une opinion", ou des tas de conneries comme ça. Même moi je le dis, et je mens, et même toi tu te dis, là, dans ta tête : "ah non, moi je juge pas". Mais c'est pas vrai, on juge, tous, on est foutus comme ça depuis le foutu fruit, le foutu goût, on peut plus s'arrêter. Même là que tu m'écoutes, je sais que dans ta tête tu te dis : "est-ce que c'est bien ou c'est mal ce qu'il dit" ? Tu me juges.  "Est-ce qu'il est fou cinglé ou est-ce qu'il a raison ?" Tu veux savoir si tu seras dans le bon camp ou pas en m'écoutant, en étant du même avis que moi. Le camp des cinglé ou pas. Et moi, tu crois quoi ? Moi je suis le pire de tous, va pas croire. Moi je vais cracher par terre de mépris si je perçois la moindre lueur de doute dans tes yeux, parce que je veux que tu sois d'accord avec moi, je le veux plus que tout, et que si tu n'es pas d'accord, si tu ne me comprends pas, si tu ne vois pas comme moi, si tu n'es pas moi, alors tu es mal, mal, le maaaaaaaal. J'y peux rien, je vais te juger à mort, tu crois quoi ? C'est pas le Paradis ici, hein. C'est notre foutu monde d'hommes et de femmes avec le fruit encore dans la gorge.

 

Alors imagine, si tu pouvais m'écouter vraiment sans rien penser, juste écouter. Comme si tu voyais un rocher, un arbre, un lac. Comme en rêve. Est-ce qu'on juge dans les rêves ? Non. On assiste. On est là, on subit, parfois on vole même, sans savoir pourquoi.

Alors vas-y, rêve avec moi, imagine qu'on s'arrête. Pour de vrai. Pas par politesse, non, vraiment, vraiment. Imagine qu'au lieu de trouver que c'est beau, que c'est vertueux, que c'est classe d'avoir son "opinion personnelle", de juger, de s'indigner, de se révolter, de se "ah mais non moi monsieur je m'inscris en faux", "ah mais madame ce que vous faites est très grave", de se croire toujours dans le bon camp du Bien qui sait où est le Mal... Imagine maintenant : même devant le truc qui te paraît le pire au monde, le pire spectacle que t'as jamais vu, pire que tous les tas de trucs pas graves sur lesquels tout le monde s'indigne comme sur par exemple si quelqu'un se promène à poil dans la rue, là tout le monde serait dingue, comme si c'était grave, alors que des vrais trucs graves, bon, bref, c'est un autre sujet. T'impatiente pas poulette, reste avec moi, j'arrive j'y viens c'est ma grande idée tu vas adorer écoute ça.

Imagine qu'on arrête de se tenir bien au chaud ensemble à juger ensemble les choses, à se rengorger là tous ensemble, à trouver ensemble que ça c'est bien et ça c'est mal.Imagine qu'on perde le goût de ça, que tout à coup on n'en ait plus envie, de se faire des copines dans la cour de récré juste en se foutant de la gueule de la coincée de service qu'est pas foutue de lâcher ses cheveux ses lunettes et son cartable. Imagine qu'on arrête de se cimenter ensemble de ce faux ciment pourri qu'on se fera tous bouffer un jour les uns et les autres et qui s'appelle le jugement, et qui tient pas la route parce qu'on ne sait pas, on fait les marioles, on croit connaître, mais on n'y connaît rien, au bien et au mal, et on ne saura jamais, et on est comme des enfants qui jouent à des jeux de grands mais en carrément moins mignons, en carrément plus méchants.

Imagine que tu ne juges plus. Plus du tout. Même quelque chose qui te paraît horrible. Même si tu ne peux même pas regarder tellement ça te paraît horrible. Tu ne juges pas. Toi, t'es juste là pour essayer d'atténuer la sentence.Tu regardes, c'est tout. Tu es là. Eh bien tu sais quoi ? Tu sais ce qui se passe ? Ticket retour aller simple direct le Paradis. Lent, mais sûr. Préprogrammé je te dis, tous frais payés en automatique, droit vers le Paradis perdu. Fin de cette histoire de bordel de merde de fruit et d'arbre, de connaissance, de mort et de travail à la sueur du front.

Le prix à payer, lentement, il baisse, il tombe, on l'oublie. La dette se dissipe.

Le Dieu, là, il nous a pas fabriqués pour juger le monde. Il nous a fait pour faire avec le monde. Nous, on doit faire. C'est lui qui juge. C'est lui, ça veut dire que c'est pas nous. Si c'est pas nous c'est pas nous putain ! Faut savoir ! C'est nous ou c'est pas nous ? Moi je dis : c'est pas nous. Aucun homme. Aucun homme au monde ne doit pouvoir rendre un jugement au nom de Dieu. Aucun homme ne devrait accepter qu'un autre homme rende un jugement au nom de Dieu. Ce qu'ils sont bouchés les hommes, quand même, c'est pas vrai. Les religieux là, bon sang, quand même, ils devraient le savoir, ça, eux. Bon sang, ils devraient le savoir !

 

C'est pourtant pas compliqué : chaque fois que tu juges, tu ajoutes un coup de pied aux milliards de coups de pieds au cul que la Création entière se prend chaque jour depuis cette sombre histoire de Serpent et qui nous poussent toujours plus loin du Jardin. Comme un univers en expansion mais dans le mauvais sens, tu vois, sans expansion, sans charme, sans magie, juste un truc qui devient plus froid et plus laid, et sans forme. Tu me diras, depuis le temps qu'on s'en prend des coups de pieds, on est habitués, on remarque même plus le problème. On a complètement oublié comme c'est désagréable, et bête, inutile, vexant, de se prendre un coup de pied au cul. On accepte, on dit "ah, c'est bien, c'est mal" et on se taloche là, tiens t'en veux une prends ça merci tiens et toi t'en veux aussi oh merci comme des couillons, non mais c'est d'un ridicule. Et on s'éloigne chaque jour plus. On ne sait même pas qu'on s'éloigne. On ne sait même pas qu'il y a un mouvement. On se croit bien, tranquille, dans son fauteuil avec son bien et son mal à distribuer au monde. Nos foutus bon points à la main, des machins coloriés avec des couleurs vulgaires par la maîtresse et nous on y croit, on règne, avec nos machins coloriés à la main, on capitalise. On investit. On prend Dieu pour une maîtresse d'école. On prend l'univers pour une cour de récré. 

 

Le grand mouvement de l'Univers. Toute cette beauté. Imagine un peu, comment est-ce que les hommes ont pu à ce point perdre le goût du vertige, l'amour, la certitude qu'il y a un mystère ? La certitude qu'on ne sait pas, qu'on ne sait rien ? Comment oublier ça ?

 

Moi je n'oublie pas. J'ai faim de ça, j'ai soif de ça, chaque jour. C'est pas les foutus bons points qui vont me calmer.

Je vais te dire un truc, je te le dis qu'à toi, écoute-moi bien. Approche. C'est pas un truc à dire fort, approche.

 

Dieu, c'est un truc qui a été donné aux hommes pour leur rappeler qu'ils ne sont pas Dieu. Que rien n'est Dieu. Ni le fric, ni la terre, ni la mère, ni la nature, ni la famille, ni la patrie, ni l'amour ni le sexe ni leur bagnole ni leur gueule à tous. Dieu c'est ce qui te rappelle que rien n'est Dieu, rien d'autre, que, justement, Dieu, qui n'est rien de tout ce que tu peux imaginer, concevoir, prendre pour un Dieu. Dieu ça sert à ça. Dieu c'est ça. C'est la limite à tout. C'est ce qui fait que chaque chose, à un moment, elle est renvoyée à sa place, qu'elle aille pas se prendre pour un dieu. Puis que rien ne peut prétendre être Dieu. Et si un truc viens te dire :  "Je suis Dieu", ça y est c'est fini, c'est pas Dieu. Tu le sais direct, non ? Que c'est un imposteur.

C'est ça qui fait que les choses ont une place et qu'elles sont nombreuses en nombre infini et que le monde est bon à vivre. C'est Dieu qui fait ça, qui fait que rien ne peut prendre toute la place et supprimer tous les autres. C'est aimable. 

Le coup de "ah oui c'est les hommes qui ont inventé Dieu ah non c'est l'inverse" c'est vraiment des discussions de gamins de cour de récré sur l'oeuf et la poule. Il n'est pas question de croire en Dieu, pourquoi croire, en quoi, y a rien du tout à croire là. On sent le truc, ou on le sent pas. Quand on le sent on est heureux on voudrait ne jamais oublier, et puis à un moment ça s'échappe. Moi, à mon avis, les hommes sont pas assez malins pour avoir trouvé ça tout seul, à mon avis, c'est Dieu qui les a aidés.

Mais je ne crois pas en Dieu. J'aime Dieu. C'est différent. Croire c'est quoi ? C'est un truc qui n'est même pas un sentiment, ça existe pas croire. Croire c'est encore juger - oui, il y a un Dieu, ou bien non, il n'y en a pas, je sais, je dis, je tranche.

Mais juger, ça empêche de voir que "il y a" et "il n'y a pas", quand on approche de l'ombre de l'idée de Dieu, c'est des mots qui veulent rien dire. On ne peut pas en parler comme ça. On ne peut pas parler d'une libellule comme si c'était un hippopotame. Et encore dans ce cas, on peut, un peu. Mais on ne peut pas parler de Dieu comme si c'était un homme, une pierre, un arbre. On ne peut pas du tout, ça n'a aucun sens. On ne peut pas parler de l'existence de Dieu bon sang, ça n'a aucun sens. Forcément ceux qui veulent à toute force avoir un Dieu qui existe, eux, alors, il veulent aussi savoir ce qui est bien et ce qui  mal et s'ils sont bien tombés dans le bon camp, s'ils ont le bon dieu avec eux, et ils détruisent le monde. 

Qui viendra l'aimer avec moi, mon Dieu subtil, mon Dieu inexistant ? Mon Dieu qui n'a jamais rien fait d'autre et ne fera jamais rien d'autre que créer, créer, créer ? Qui ma poupée, qui ? Il n'y a que moi pour le voir ou quoi ?

Tu vois, je m'énerve encore. Tu vois, j'enrage. Je juge. On n'y peut rien, même moi. Juge pas, poupée, juge pas. Juge pas."

Il est resté un moment immobile et ployé sous la pluie, indifférent à elle, perdu avec moi.

"Allez, je te laisse. Je suis fatigué. T'as pas une cigarette pour moi ?"

 

Je lui dis à nouveau que non, je ne fume plus.

 

"T'as compris ce que j'ai dit ? Un peu ? Tu vas aimer mon Dieu avec moi ?"

Quand je suis repartie, j'aimais son dieu avec lui.

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